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ment la fuite, ainsi que tous les patriotes armés. Cette nouvelle ne fit pas sur moi beaucoup d’impression ; je ne croyais pas qu’une femme eût beaucoup à craindre d’une troupe militaire, mais j’étais singulièrement étonnée de la disposition subite de ces corps patriotiques qui avaient montré tant d’ardeur pour la défense de leur patrie. Cette conduite ne me paraissait pas naturelle, et je crus devoir plutôt l’attribuer à quelque cause secrète, qu’à un défaut de courage.

Cependant l’alarme était générale dans la ville ; un grand nombre d’habitants prenaient la fuite avec tout ce qu’ils pouvaient emporter ; j’étais incertaine si je ne devais pas imiter leur exemple et sortir d’Utrecht, lorsque j’entendis des tambours battre, et bientôt après je vis arriver sur la place un gros de troupes que l’on me dit être les Prussiens. À leur vue je ne pus me défendre d’un mouvement assez vif de frayeur ; cependant je me rassurai en songeant