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d’une pareille besogne ; si elle aime bien son compagnon de voyage, l’enceinte bornée de la voiture a dû être pour elle l’univers : et son amant le genre humain.

Je fis l’épreuve de cette vérité métaphysique : nous arrivâmes à Utrecht qu’à peine croyais-je avoir fait quelques lieues. Nous descendîmes dans une auberge à l’entrée de la ville ; van Hove me quitta pour aller rendre compte à ses supérieurs du succès de sa mission, et en même temps pour me chercher un logement. Le lendemain je m’installai dans un appartement garni que mon amant avait loué pour moi, car il n’était pas convenable que nous logeassions ensemble. Outre les effets que j’avais, j’étais encore munie d’une assez forte somme d’argent, ainsi je ne craignais pas d’être à charge de mon amant, qui, comme je l’ai dit, n’était point fortuné. On sait que Messieurs les militaires ont toujours une plus ample provision d’amour que d’argent.