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le secret de l’île.

fique était là, et non loin, sans doute, celui qu’il l’avait apporté ! Enfin, un immense espoir revint au cœur de tous.

Cet espoir ne fut pas trompé. Dix jours après, le 20 décembre, Harbert entrait en convalescence. Il était faible encore, et une diète sévère lui avait été imposée, mais aucun accès n’était revenu. Et puis, le docile enfant se soumettait si volontiers à toutes les prescriptions qu’on lui imposait ! Il avait tant envie de guérir !

Pencroff était comme un homme qu’on a retiré du fond d’un abîme. Il avait des crises de joie qui tenaient du délire. Après que le moment du troisième accès eut été passé, il avait serré le reporter dans ses bras à l’étouffer. Depuis lors, il ne l’appela plus que le docteur Spilett.

Restait à découvrir le vrai docteur.

« On le découvrira ! » répétait le marin.

Et certes, cet homme, quel qu’il fût, devait s’attendre à quelque rude embrassade du digne Pencroff !

Le mois de décembre se termina, et avec lui cette année 1867, pendant laquelle les colons de l’île Lincoln venaient d’être si durement éprouvés. Ils entrèrent dans l’année 1868 avec un temps magnifique, une chaleur superbe, une température tropicale, que la brise de mer venait heureusement rafraîchir. Harbert renaissait, et de son lit, placé près d’une des fenêtres de Granite-house, il humait cet air salubre, chargé d’émanations salines, qui lui rendait la santé. Il commençait à manger, et Dieu sait quels bons petits plats, légers et savoureux, lui préparait Nab !

« C’était à donner envie d’avoir été mourant ! » disait Pencroff.

Pendant toute cette période, les convicts ne s’étaient pas montrés une seule fois aux environs de Granite-house. D’Ayrton, point de nouvelles, et, si l’ingénieur et Harbert conservaient encore quelque espoir de le retrouver, leurs compagnons ne mettaient plus en doute que le malheureux n’eût succombé. Toutefois, ces incertitudes ne pouvaient durer, et, dès que le jeune garçon serait valide, l’expédition, dont le résultat devait être si important, serait entreprise. Mais il fallait attendre un mois peut-être, car ce ne serait pas trop de toutes les forces de la colonie pour avoir raison des convicts.

Du reste, Harbert allait de mieux en mieux. La congestion du foie avait disparu, et les blessures pouvaient être considérées comme cicatrisées définitivement.

Pendant ce mois de janvier, d’importants travaux furent faits au plateau de Grande-Vue ; mais ils consistèrent uniquement à sauver ce qui pouvait l’être des récoltes dévastées, soit en blé, soit en légumes. Les graines et les plants furent recueillis, de manière à fournir une nouvelle moisson pour la demi-saison pro-