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l’île mystérieuse.

« À nous soigner, répondit le jeune garçon, à nous traiter quand nous serons malades.

— Pourquoi serions-nous malades, puisqu’il n’y a pas de médecins dans l’île ? » répondit très-sérieusement Pencroff.

À cela il n’y avait rien à répliquer, mais le jeune garçon n’en fit pas moins sa récolte, qui fut très-bien accueillie à Granite-house. D’autant plus qu’à ces plantes médicinales, il put joindre une notable quantité de monardes didymes, qui sont connues dans l’Amérique septentrionale, sous le nom de « thé d’Oswego », et produisent une boisson excellente.

Enfin, ce jour-là, en cherchant bien, les deux chasseurs arrivèrent sur le véritable emplacement de la garenne. Le sol y était perforé comme une écumoire.

« Des terriers ! s’écria Harbert.

— Oui, répondit le reporter, je les vois bien.

— Mais sont-ils habités ?

— C’est la question. »

La question ne tarda pas à être résolue. Presque aussitôt, des centaines de petits animaux, semblables à des lapins, s’enfuirent dans toutes les directions, et avec une telle rapidité, que Top lui-même n’aurait pu les gagner de vitesse. Chasseurs et chien eurent beau courir, ces rongeurs leur échappèrent facilement. Mais le reporter était bien résolu à ne pas quitter la place avant d’avoir capturé au moins une demi-douzaine de ces quadrupèdes. Il voulait en garnir l’office tout d’abord, quitte à domestiquer ceux que l’on prendrait plus tard. Avec quelques collets tendus à l’orifice des terriers, l’opération ne pouvait manquer de réussir. Mais en ce moment, pas de collets, ni de quoi en fabriquer. Il fallut donc se résigner à visiter chaque gîte, à le fouiller du bâton, à faire, à force de patience, ce qu’on ne pouvait faire autrement.

Enfin, après une heure de fouilles, quatre rongeurs furent pris au gîte. C’étaient des lapins assez semblables à leurs congénères d’Europe, et qui sont vulgairement connus sous le nom de « lapins d’Amérique ».

Le produit de la chasse fut donc rapporté à Granite-house, et il figura au repas du soir. Les hôtes de cette garenne n’étaient point à dédaigner, car ils étaient délicieux. Ce fut là une précieuse ressource pour la colonie, et qui semblait devoir être inépuisable.

Le 31 mai, les cloisons étaient achevées. Il ne restait plus qu’à meubler les chambres, ce qui serait l’ouvrage des longs jours d’hiver. Une cheminée fut établie dans la première chambre, qui servait de cuisine. Le tuyau destiné à con-