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ne ferai pas venir le seau, je ne me livrerai pas au travail honnête des jardins.

Je suis corrompu, malsain, que voulez-vous !

Mais je ne veux pas tirer d’eau !


DEVANT LES MESSAGERIES


En revenant, je fais le grand tour et je passe devant le Café des Messageries.

L’enseigne est en lettres qui forment chacune une figure, une bonne femme, un paysan, un soldat, un prêtre, un singe.

C’est peint avec une couleur jus de tabac, sur un fond gris, et c’est une histoire qui se suit depuis le C de Café jusqu’à l’S de Messageries.

Je n’ai jamais eu le temps de comprendre.

Il fallait rentrer.

Puis, tandis que je regardais l’enseigne, que ma curiosité saisissait le cotillon de la bonne femme, le grand faux-col du paysan, la giberne du soldat, le rabat du curé, la queue du singe, autour de moi on attelait les chevaux, on lavait les voitures ; les palefreniers, le postillon et le conducteur faisaient leur métier, donnaient de la brosse, du fouet ou de la trompe.

Les voyageurs venaient prendre leurs places, retenir un coin.

J’étais là quelquefois à l’arrivée : la diligence traversait le Breuil avec un bruit d’enfer, en soulevant