Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/388

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gnement, dit qu’il y avait huit facultés de l’âme quand il n’y en a que sept. — Voilà pourquoi je me pendrais à cette fenêtre ?

Je n’ai pas un reproche à m’adresser.

Je n’ai pas même une bille chippée sur la conscience. Une fois mon père me donna 30 sous pour acheter un cahier qui en coûtait 29 ; je gardai le sou. C’est mon seul vol. Je n’ai jamais rapporté, oh ! non ! ni cané quand il fallait se battre.

Si c’était à Paris, encore ! En sortant de prison, on me serrerait la main tout de même. Ici, point !

Eh bien ! je ferai mon temps ici, et j’irai à Paris après, et quand je serai là, je ne cacherai pas que j’ai été en prison, je le crierai ! Je défendrai le DROIT DE L’ENFANT, comme d’autres les DROITS DE L’HOMME.

Je demanderai si les pères ont liberté de vie et de mort sur le corps et l’âme de leur fils ; si M. Vingtras a le droit de me martyriser parce que j’ai eu peur d’un métier de misère, et si M. Bergougnard peut encore crever la poitrine d’une Louisette.

Paris ! oh ! je l’aime !

J’entrevois l’imprimerie et le journal, la liberté de se défendre, la sympathie aux révoltés.

L’idée de Paris me sauva de la corde ce jour-là. Je tourmentais déjà ma cravate.


Encore des cris, des cris ! C’est deux jours après.

Ma mère, éperdue, entre dans ma chambre.

« Jacques, viens, viens !