Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rer la main du journaliste, quoique ce journaliste fût républicain.

J’avais grande idée de ces chercheurs de vertu.

Mais celui-ci est vraiment comique !


EN CLASSE


« M. Vingtras, quelles sont les preuves de l’existence de Dieu ? »

Je me gratte l’oreille.

« Vous ne savez pas ? »

Il paraît étonné, il a l’air de dire : « Vous qui arrivez de Paris, voyons !

— Gineston, les preuves de l’existence de Dieu ?

— M’sieu, je ne sais pas, il manque des pages dans mon livre.

— Badigeot ?

— M’sieu, il y a le consensus omnium !

— Ce qui veut dire ?… » (Le professeur prend les poses de Socrate accouchant son génie).

— Ce qui veut dire… — Pitou, souffle-moi donc !

— Ce qui veut dire (reprend le professeur aidant le malade), que tout le monde est d’accord pour reconnaître un Dieu ?

— Oui, m’sieu.

— Ne sentez-vous pas qu’il y a un être au-dessus de nous ? »

Badigeot regarde attentivement le plafond !

Rafoin y a lancé le matin un petit bonhomme en papier qui pend à un fil au bout d’une boulette de pain mâché.