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avaient appartenu aux Saisons et qui avaient été mêlés à des émeutes.

La blouse et la redingote s’asseyaient à la même table et l’on trinquait.

Le dimanche, nous allions dans une goguette, la Lyre chansonnière ou les Enfants du Luth : je ne me rappelle plus bien.

Je m’ennuyais un peu quand on chantait des gaudrioles ; mais on disait tout à coup : « C’est Festeau, c’est Gille. » Et il me semblait entendre dans le lointain la batterie sourde d’un tambour républicain, puis la batterie était plus claire, Gille entonnait, et cette musique tirait à pleines volées sur mon cœur.


Je ne sais pas cependant, si je ne préfère pas aux chansons qui parlent de ceux qui vont se battre et mourir, les chansons de batteur de blé ou de forgeron, qu’un grand mécanicien, qui a l’air doux comme un agneau, mais fort comme un bœuf, chante à pleine voix. Il parle de la poésie de l’atelier, — le grondement et le brasier, — il parle de la ménagère qui dit : « Courage, mon homme, — travaille, — c’est pour le moutard. »

À un moment, le chanteur baisse la voix. « Fermez la fenêtre, dit quelqu’un. » Et l’on salue au refrain :


Le drapeau que le peuple avait à Saint-Merry !


Il y a de la révolte au coin des vers. — Moi, j’en