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XXIII

MADAME VINGTRAS À PARIS


« Jacques ! »

C’est ma mère ! Elle s’avance, et mécaniquement, me prend la tête. Le petit Japonais rit, le créole bâille, — il bâille toujours.

Ma tête a été prise de côté, et ma mère a toutes les peines du monde à trouver une place convenable pour m’embrasser.


On nous a fait entrer dans une chambre où l’on voit à peine clair, c’est le soir, et la bougie que le concierge apporte ne jette qu’une faible lumière.

« Comme tu as grandi ! comme tu es devenu fort ! »

C’est son premier mot. Elle ne me laisse pas le temps de parler ; elle me tourne, retourne, et vire sur ses petites jambes.

« Embrasse-moi donc comme il faut ; va, ne sois pas méchant pour ta mère. »

C’est dit d’assez bon cœur. Elle crie toujours :

« Tu as si bonne tournure ! Je t’ai apporté un habit