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Il y avait un mot de mon père aussi.

Je lui avais écrit que Legnagna essayait de m’humilier, que je voudrais quitter la pension, vu que je souffrais d’être ainsi blessé tous les jours.

Mon père m’a répondu une lettre qui m’a tout troublé. Fait-il le comédien ? Est-il bon au fond ?

« Prends courage, mon ami ! Je ne veux pas te dire que c’est de ta faute si tu es à Paris… Aie de la patience, travaille bien, paye avec tes prix ta pension, puis tu pourras lui dire ses vérités. »

Pas une allusion au passé, rien ! Pas un reproche ; presque de la bonté, un peu de tristesse !… Je lui aurais sauté au cou s’il avait été là.

Je ferai comme il l’a dit : j’attendrai et j’essayerai d’avoir des prix.

Et cependant comme ce latin et ce grec sont ennuyeux ! Et qu’est-ce que cela me fait à moi les barbarismes et les solécismes !

Et toujours, toujours le grand concours !


Le professeur s’appelle D…

Il a une petite bouche pincée, il marche comme un canard, il a l’air de glousser quand il rit, et sa perruque est luisante comme de la plume. Il a eu pour la troisième fois le prix d’honneur au concours général ; l’an passé, on l’a décoré, il a une crête rouge. Il parle un peu comme un incroyable, il prononce : « Cicé-on, discou-e, Alma pa-ens. »

Il est le professeur de latin, il a un français à lui.

Quand des élèves ont manqué la classe pour aller