Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gage elle-même d’un geste lent et sans me lâcher.

« Tu me retiens toujours si longtemps… »

Moi ! Mais je ne l’ai jamais retenue, j’ai même été si étonné le premier jour où, au lieu de rentrer, elle a voulu se promener encore et rôder en chatte sur le trottoir, où sonnaient ses bottines ! Elle relevait sa robe et je voyais le chevreau qui moulait sa cheville, en se fronçant quand elle posait son petit pied ; elle avait un bas blanc, d’un blanc doré comme de la laine, un peu gras comme de la chair.

Elle s’arrêta deux ou trois fois.

« Est-ce que je n’ai pas perdu mon médaillon ? »

Elle cherchait dans son cou mat, et elle dut défaire un bouton.

« Tu ne le vois pas ? dit-elle. — Oh ! il aura glissé ! »

Ses doigts tournaient dans sa collerette, comme les miens dans ma cravate quand elle serre trop.

« Aide-moi… »

Au même moment le médaillon jaillit et brilla sous la lune.

On aurait dit qu’elle en était furieuse.

« Tu as perdu quelque chose aussi, fit-elle, d’une voix un peu sèche, en voyant que je me baissais.

— Non, je lace mes souliers. »

Je lace toujours mes souliers parce que les lacets sont trop gros et les œillets trop petits, puis il y a une boutonnière qui a crevé.


« Jacques, si tu es premier pour le second samedi