tion pour être jaloux d’une femme qui n’a pour elle que son esprit naturel ! Mon pauvre ami, avec ta latinasserie et ta grecaillerie, tu en es réduit à défendre à ta femme, qui est de la campagne, de t’éclipser ! »
Les querelles s’enveniment.
« Tu sais, Antoine, je t’ai fait assez de sacrifices, n’en demande pas trop ! Tu as voulu que je ne dise plus estatue, je l’ai fait. Tu as voulu que je ne dise plus ormoire, je ne l’ai plus dit, mais ne me pousse pas à bout, vois-tu, ou je recommence. »
Elle continue :
« Et d’abord ma mère disait estatue… elle était aussi respectable que la tienne, sache-le bien ! »
Mon père se trouve menacé de tous côtés, entre estatue et mouchu.
Il met les pieds dans le plat et défend l’un et l’autre.
Ma mère se venge en l’injuriant ; elle cherche des mots qui le blessent : escargot — espectacle ! estomac — esquelette ! Ces diphtongues entrent profondément dans le cœur de mon père. Le samedi suivant, il s’habille sans mot dire et va en soirée sans elle.
Le samedi d’après, même jeu, mais à minuit ma mère vient me réveiller.
« Lève-toi, tu vas aller attendre ton père à la porte de chez M. David, et quand il sortira tu crieras : La la, fouchtra ! J’arriverai, tu nous laisseras. »
J’ai crié : La la, fouchtra ! J’ai eu tort.