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Soirée chez M. David. La femme du professeur d’histoire, qui est d’origine espagnole, esquisse un fandango assez leste, eh ! eh ! quoique revu et corrigé comme les morceaux choisis par l’archevêque de Tours.

La femme du professeur d’allemand, une Alsacienne, chante un titi la itou, la itou la la, en valsant une valse du pays.

C’est fini. Elle se repose sur la banquette et le cercle où l’on vient de danser est vide.

On entend un petit cri.

Eh youp ! eh youp !

Mon père, qui est en face de moi, a l’air frappé d’un coup de sang, et je vais voler dans ses bras.

Eh youp ! eh youp ! la Catherina ! eh youp !

En même temps une apparition traverse le salon et tourne sur le parquet.

L’apparition chante :


Ché la bourra, la la !
Oui la bourra, fouchtra !


Et la voix devenant énergique, presque biblique, dit tout d’un coup :

« Anyn, mon homme ! »

Cet homme, c’est Antoine qui au premier youp ! youp ! avait pressenti le danger, — c’est mon père qui est entraîné comme je le fus le jour des marionnettes.

« Anyn, mon homme, anyn ! »

Et ma mère le plante devant elle, en le gourman- -