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On va se promener tous les soirs quand il fait beau.

J’ai l’air d’un prisonnier qu’on sort un peu. Je marche devant, avec ordre de ne pas m’écarter, de ne pas courir, et je ne puis même pas me baisser pour ramasser une branche ou un caillou, — cela ferait éclater mon pantalon.

Il est arrivé qu’une de mes culottes a craqué un jour, et madame Boireau, qui n’y voit pas clair, a cependant été très offusquée. On m’a défendu de me baisser jusqu’à ce qu’on m’ait fait une culotte large.

On me l’a faite, il n’y a plus de danger — j’y flâne à l’aise — j’ai l’air d’un canard dont le derrière pousse.


Je vois bien qu’on me regarde, et les mariniers m’entourent, mais ils me respectent comme l’inconnu ! Les camarades qui me connaissent me font des niches, tirent cela en passant comme la queue d’un chien, — on y met du sel aussi, — on m’appelle Circé.


Costumes et trahisons politiques.


Le supplice à propos de ma toilette recommence. Beaucoup de personnes me croient légitimiste. — J’ai une cravate qui fait trois fois le tour de mon cou, comme en portaient les incroyables, comme en avaient les royalistes sous la Restauration. — Cependant les espérances que ce parti a pu concevoir à mon pro-