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forte ! La lèvre est mince ou le nez est pointu, l’œil est creux et la tempe en front de serpent, — ils ne ressemblent pas, comme les paysans de la Haute-Loire, à des bœufs, — ils ne sentent pas l’herbe, mais la vase ; ils n’ont pas la grosse veste couleur de vache, ils portent une camisole d’un blanc sale comme un surplis crotté. Je leur trouve l’air dévot, dur et faux, à ces fils de la Vendée, à ces hommes de Bretagne.


Le cours Saint-Pierre me paraît si vide — avec ses quelques vieux qui viennent s’asseoir sur les bancs ! Il y a aussi les ombres qui glissent comme des insectes noirs du côté de l’église…


Je me sens des envies de pleurer !

On ne me bat plus. C’est peut-être pour ça. J’étais habitué à la souffrance ou à la colère, — je vivais toujours avec un peu de fièvre.

On ne me bat plus. Le proviseur n’est pas de cette école. Il a entendu parler d’un de ses professeurs qui appliquait la même méthode que mon père sur les reins de son fils ; — il l’a fait venir.

« Vous irez rosser vos enfants ailleurs, si cela vous tient trop, a-t-il dit, mais si j’apprends que vous continuez ici, je demande votre changement et j’appuie pour votre disgrâce. »

La nouvelle est arrivée aux oreilles de mon père et a protégé les miennes.

Ma mère a fait connaissance de la femme d’un professeur, qui est bossue.