Je cours après un paquet, ma mère en poursuit un autre ; elle pousse des cris, le déguenillé aussi ; les gendarmes arrivent vers mon père. Je remonte pour le secourir ; on nous cerne. Voilà notre entrée à Nantes.
Ouf !!!
Nous sommes installés, ce n’est pas sans peine.
Nous avons passé huit jours dans une auberge dont le propriétaire s’appelait Houdebine, je m’en souviens, je ne l’oublierai jamais.
Nous avons eu naturellement des discussions avec lui, et ma mère a trouvé moyen de mettre la maison sens dessus dessous : histoires de corridors, disputes d’escalier, piques avec des femmes de voyageurs. On a discuté sur la note ; la bonne a réclamé un pourboire. On nous a chassés : nous nous sommes trouvés de nouveau à midi, sur le pavé, M. Vingtras, son épouse et son rejeton.
Heureusement, M. Chanlaire est arrivé au moment où nous montions la garde autour des malles. Moi, j’avais les paquets pour pouvoir me mettre en route, comme une division sac au dos, dès qu’on saurait où se diriger.
Nous étions déjà connus dans le quartier qui avait remarqué nos querelles avec les portefaix. Ce nouveau déballage en pleine rue, cet entassement de caisses qui, une fois de plus, interrompait le mouvement des affaires dans la ville, ma tournure, les cris de ma mère, l’embarras de mon père, tout avait fait