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poir, et il semble un peu désappointé quand mon père répond, d’un air triste :

« En bas, — et d’un air plus gai : malade.

— Ce ne sera rien.

— Non, — non, — non.

— Ça n’empêche pas de décoiffer une bouteille de bourgogne, au contraire… »

Se tournant vers moi :

« Savez-vous qu’il a grandi, votre gamin ? Quelle tignasse et quels yeux ! — Garçon ! »


Il y avait des sous-officiers qui allaient en congé, et avaient aussi rencontré des camarades.

La table de la cabine est couverte de bouteilles de vin et de cruches de bière.

De la gaieté, des rires comme je n’en ai jamais entendu de si francs ! On joue aux cartes, on allume des punchs, on boit des bishofs ; il y a une odeur de citron.

Voilà qu’on chante, maintenant !

Un fourrier entonne un air de garnison, — tous au refrain !

Je m’en mêle, et ma voix criarde se mêle à leurs voix mâles : j’ai bu un petit coup, il faut le dire, dans le verre de mon père, qui a les pommettes roses, les yeux brillants.

Il a conté bravement à Chanlaire, — après la troisième tournée, — qu’il a le gousset vide.

C’est la bourgeoise qui a le sac !

« Voulez-vous vingt francs, vous me les rendrez à