« Gredin ! dit-il entre ses dents, je vais te laisser pour mort sur le carreau ! »
J’entrevis un supplice — et justement, j’étais à peine guéri d’une dernière correction qui m’avait rompu les membres.
Il prétendit que chez le proviseur, au moment où l’on traitait la question des boursiers et des non-payants, quand on était arrivé à mon nom, le proviseur, s’avançant, lui avait dit :
« Monsieur Vingtras, votre fils pourrait tenir dans la classe un autre rang que celui qu’il tient, s’il travaillait. Nous vous conseillons de vous occuper de lui… entendez-vous ?
— C’est toi, misérable, qui me fais avoir des reproches du proviseur ? » et il se jeta sur moi avec fureur.
Ce furent de véritables souffrances, — mais mon chagrin était bien plus grand que mon mal !
Quoi ! j’étais pour quelque chose dans son avenir, je serais cause qu’on le déplacerait par disgrâce, ou peut-être qu’on le destituerait ! Je me donnai sur la poitrine, en mea culpa, des coups plus forts que ceux de ses poings fermés, et je me serais peut-être tué, tant j’étais désespéré, si je n’avais pensé à réparer le mal que mon père m’accusait d’avoir fait.
Je me mis à travailler bien fort, bien fort ; on ne me punissait plus au collège, mais à la maison, on me battait tout de même.
J’aurais été un ange qu’on m’aurait rossé aussi bien en m’arrachant les plumes des ailes, car j’avais résolu de me raidir contre le supplice, et comme je dévorais