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Elle tape du pied, fait claquer ses doigts, et elle a l’air enfin de s’évanouir avec les lèvres entr’ouvertes, par où passe un souffle qui soulève sa poitrine ; elle est restée un moment sans rire, mais elle repart bien vite dans un accès de gaieté qui mêle la cachucha et la bourrée, l’espagnol et l’auvergnat,


La Madone et la fouchtra,
Laya !


« Qu’est-ce que cela veut dire ? » demande M. Brignolin, un positif, qui vient de temps en temps pour le malheur des sauces.

Il essaye des jus concentrés basés sur la chimie, qui sentent le savant et gâtent le dîner.

On joue, — il embrouille le jeu, — ne devine jamais !

Il l’est toujours.

« C’est lui qui l’est ! »

Madame Brignolin dit cela d’une drôle de façon et presque toujours en regardant mon père ; puis elle ajoute en secouant son mari :

« Allons, tu n’es bon qu’à donner le bras ; prends le bras de Madame Vingtras. — Monsieur Vingtras, voulez-vous me donner le vôtre ? — Jacques, toi, tu seras avec Mademoiselle Miolan. »


Pauvre fille ! tandis que nous jouons et faisons tapage, elle est souvent prise d’un serrement de cœur ou d’une quinte de toux qui amène le sang à ses joues, puis la laisse retomber sur l’oreiller qui rembourre sa