de chaque morceau, elle en arrache un boum grave du côté des notes graves et un hi flûté du côté des notes minces. Boum, boum, hi hi…
« Monsieur Vingtras, vous êtes triste comme un bonnet de nuit, c’est que vous ne vous êtes pas fait raser, voyez-vous ! Revenez demain en sortant de chez le coiffeur. Je vous embrasserai ; vous me donnerez l’étrenne de votre barbe. »
Et en même temps elle passe près de lui, met sa main sur sa main, le frôle avec sa jupe. Elle lui prend le bras même, et lui donne sa ceinture à presser.
« Valsons, » dit-elle.
Et avançant, d’un air joyeux, ses petits pieds hardis, le buste rejeté en arrière, les cheveux flottants, elle entraîne son cavalier ; un ou deux tours dans la chambre trop étroite, — et elle va retomber, en riant, sur une chaise qui crie, devant mon père qui ne dit rien.
Puis elle file du côté de la cuisine où l’on a entendu du bruit.
C’est la fillette qui est à terre ; c’est le gamin qui a cassé une cruche ; elle roule comme un tourbillon de mousseline, s’engouffre, disparaît, revient, tapageuse et folle, serrant ses deux mains à plat, penchée pour mieux rire, et secouant sa jolie tête, en racontant quelque aventure salée arrivée à un de ses rejetons.
Elle trouve encore moyen d’effleurer et de bousculer M. Vingtras en passant.
M. Brignolin est rarement là : c’est un savant. Il