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— On va faire du feu exprès pour lui, — brûler un fagot de bois !

— Mais c’est M. Doizy qui…

— C’est M. Doizy qui t’a oublié, n’est-ce pas ! Si tu ne l’avais pas fait tomber, il n’aurait pas eu à te punir, et il ne t’aurait pas oublié. Il voudrait encore s’excuser, voyez-vous ! Tiens ! voilà ce qui me reste d’une bougie que j’ai commencée hier. Tout ça pour veiller en se demandant ce qu’était devenu monsieur ! Allons ne faisons pas le gelé, — n’ayons pas l’air d’avoir la fièvre… Veux-tu bien ne pas claquer des dents comme cela ! Je voudrais que tu fusses bien malade une bonne fois, ça te guérirait peut-être… »

Je ne croyais pas être tant dans mon tort : en effet, c’est ma faute ; mais je ne puis pas m’empêcher de claquer des dents, j’ai les mains qui me brûlent, et des frissons qui me passent dans le dos. J’ai attrapé froid cette nuit sur ces bancs, le crâne contre le pupitre ; cette lecture aussi m’a remué…

Oh ! je voudrais dormir ! je vais faire un somme sur la chaise.

« Ôte-toi de là, me dit ma mère en retirant la chaise. On ne dort pas à midi. Qu’est-ce que c’est que ces habitudes maintenant ?

— Ce ne sont pas des habitudes. Je me sens fatigué, parce que je n’ai pas reposé dans mon lit.

— Tu trouveras ton lit ce soir, si toutefois tu ne t’amuses pas à vagabonder.

— Je n’ai pas vagabondé…

— Comment ça s’appelle-t-il, coucher dehors ? Il