qu’il était parti d’entre nos souliers une fusée d’encre. C’était mon voisin qui s’en donnait.
Chaque fois que je le voyais préparer une farce, je tremblais ; car s’il ne se dénonçait pas lui-même par quelque imprudence, et si sa culpabilité ne sautait pas aux yeux, c’était moi qui la gobais ; c’est-à-dire que mon père descendait tranquillement de sa chaire et venait me tirer les oreilles, et me donner un ou deux coups de pied, quelquefois trois.
Il fallait qu’il prouvât qu’il ne favorisait pas son fils, qu’il n’avait pas de préférence. Il me favorisait de roulées magistrales, et il m’accordait la préférence pour les coups de pied au derrière.
Souffrait-il d’être obligé de taper ainsi sur son rejeton ?
Peut-être bien, mais mon voisin, le farceur, était fils d’une autorité. — L’accabler de pensums, lui tirer les oreilles, c’était se mettre mal avec la maman, une grande coquette qui arrivait au parloir avec une longue robe de soie qui criait et des gants à trois boutons, frais comme du beurre.
Pour se mettre à l’aise, mon père feignait de croire que j’étais le coupable, quand il savait bien que c’était l’autre.
Je n’en voulais pas à mon père, ma foi non ! je croyais, je sentais que ma peau lui était utile pour son commerce, son genre d’exercice, sa situation, — et j’offrais ma peau. — Vas-y, papa !
Je tenais tant bien que mal ma place (empoisonnée)