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pelle la condition des catholiques suédois, émancipés, quoiqueincomplétement, par la Constitution du 6 juin 1809, et contre lesquels les tribunaux continuent à sévir d’après les prescriptions des lois anciennes, virtuellement abrogées par la Constitution. Pendant que les tribunaux mecklembourgeois, hautement désavoués par le sentiment public, veulent faire de la Constitution de leur pays une lettre morte à l’égard des juifs, les négociants d’Augsbourg et le collège des bourgmestres pétitionnent contre l’admission des familles juives dans cette ville : tristes débats, où l’on trahit la religion en l’invoquant, et où le fanatisme religieux sert de couverture à de sordides intérêts !

En Autriche, c’est bien pis encore. Jusqu’en 1849, non-seulement les israélites de Bohême soumis à l’autorité de l’empereur n’étaient pas citoyens ; non-seulement ils ne pouvaient acquérir de terres ; mais ils ne pouvaient se marier sans une autorisation préalable, et cette autorisation ne leur était accordée qu’au fur et à mesure de l’extinction des chefs de famille Le nombre des juifs mariés étant fixé à l’avance, il fallait, pour prendre femme, attendre qu’un juif marié fût mort. Dans l’intervalle, on vivait en concubinage, même si l’on était marié par le rabbin, et on ne donnait le jour qu’à des bâtards. L’année 1849 anéantit cette loi, et bien d’autres. Puis la révolution disparut ; l’ordre se fit, et avec l’ordre revint aussi, pour les

    lites. Les juifs ont acquis, depuis 1848, le droit de citoyens dans les villes et en même temps la faculté inséparable d’acheter des terres. Depuis quelque temps l’exercice de ce droit leur est interdit par ordre du gouvernement, parce qu’aux termes de l’article 377 de la convention, les juifs ne peuvent pas posséder des terres dans le Mecklembourg. Les villes ont protesté contre cette interdiction, la haute cour d’appel s’est même prononcée contre le gouvernement dans cette question, et a déclaré que la faculté d’acquérir des terres n’est qu’un corollaire nécessaire du droit de citoyen dans les villes. La diète vient de nommer une commission chargée de l’examen de la question, et la ville de Sclnverin a aujourd’hui même réélu pour son représentant M. Bernard Cohen, qui appartient à la religion juive. »