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qui pesait sur les individus à cause de leur croyance ; la religion cessait tout simplement d’être un obstacle ; c’était une loi de prétermission : cette fois, au contraire, la religion elle-même prenait rang, par le collège de Maynooth, dans les institutions du pays. Elle acquérait une existence officielle, une consécration légale. Un membre de la chambre des Communes, M. Spooner, ne put voir sans indignation cet abaissement, cette honte de l’Église établie, cette restauration légale du papisme. Pendant plusieurs années, avec un courage inébranlable, il proposa à la chambre de supprimer l’allocation de Maynooth. Son bill était repoussé chaque année à la première lecture ; mais la petite minorité qui le soutenait s’accroissait aussi chaque année, de sorte qu’un beau jour, le 7 mai 1856, elle se trouva être devenue une majorité. Le bill pour la suppression de l’allocation de Maynooth fut adopté cette fois (mais seulement, il est vrai, en première lecture) par 159 voix sur 292 votants. L’enseignement catholique a été plus heureux depuis. C’est la fermentation produite par l’agression papale qui avait fait la majorité de 1856. Aujourd’hui que la paix et la lumière sont revenues, et qu’on laisse le pape nommer des évêques et des cardinaux tant qu’il lui plaît, le collège de Maynooth n’a plus rien à craindre pour sa riche subvention.

Sans doute les catholiques ont pleine liberté de fonder des écoles à leurs frais. Ce droit n’est refusé à personne en Angleterre. Il s’y trouve des écoles fondées sur le principe de l’indifférence en matière de religion, ce qui ne veut pas dire l’absence de religion, et il s’y trouve même des écoles athées, ce qu’expliquent très-bien les récents progrès du positivisme. Mais les anciennes universités d’Angleterre, si puissantes par leur richesse et par leur importance politique, si justement célèbres dans les lettres, sont des espèces de conciles ou de synodes permanents, aussi fiers au moins de leur orthodoxie que de leur science, et dont les dissidents sont très-sévèrement ex-