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c’est seulement par la loi du 30 avril 1866[1] que l’on a imposé à tous les députés un serment uniforme de fidélité à la reine et à la succession hanovrienne. Enfin, les catholiques romains demeurent exclus des fonctions de tuteurs du souverain, de celles de régent du royaume, de lord chancelier, de garde des sceaux d’Angleterre et d’Irlande, de juges de sessions, de lord lieutenant d’Irlande, de haut commissaire près l’assemblée générale de l’Église d’Écosse, de membre ou professeur des universités anglaises. Un prince du sang qui se convertit perd ses droits à la couronne. Une telle liberté n’est pas la liberté. Ceux qui possèdent cette liberté spécifiée et restreinte semblent moins user d’un droit que jouir d’une faveur. Rappelez-vous ce qui s’est passé il y a quelques années, lorsque le pape a nommé un archevêque de Westminster, un évêque de Limerick. Il n’y avait eu jusque-là en Angleterre que des envoyés apostoliques, évêques in partibus, qui exerçaient les fonctions épiscopales, mais sans porter des titres d’évêchés anglais. C’est dans la circonscription en quelque sorte officielle et publique des diocèses, et dans la désignation des évêques par le nom de leurs évêchés, que les protestants ont cru voir un attentat aux droits de la reine. Non-seulement toute l’Angleterre a été soulevée d’indignation contre ce qu’on a appelé l’agression papale ; mais un bill a été proposé, une loi a été faite, qui condamne à cent livres d’amende quiconque prendra le titre d’un des évêchés catholiques fondés par le pape en Angleterre. Cependant qu’est-ce que le catholicisme sans le pape et les évêques ? Défendre aux catholiques d’avoir des évêques et de reconnaître l’autorité spirituelle du pape, c’est leur défendre d’être catholiques, c’est leur ôter la liberté de conscience. Si donc il leur faut des évêques, qui les leur donnera ? Le pape, apparemment, à moins que ce ne soient les ministres protestants de la reine. Le gouvernement anglais aurait-il mieux

  1. 20 Victoria, chap. XIX.