schismatique. Lui-même, sous prétexte de munificence, fit distribuer des vases sacrés et des ornements qui donnèrent au culte orthodoxe l’apparence extérieure de l’hérésie[1]. Il ne restait plus aux prêtres qu’un moyen de maintenir l’intégrité de la foi ; c’était la prédication. L’empereur la leur interdit[2]. Le culte, dans les églises ruthéniennes, fut restreint strictement à la célébration des offices, et il ne fut plus permis aux pasteurs de monter en chaire.
Ce genre inouï de persécution ne manqua pas d’amener des résistances. Le patriarche Bulhak et un grand nombre de prêtres se montrèrent inaccessibles aux promesses et aux menaces. Les prêtres récalcitrants furent condamnés à un an de réclusion dans un monastère ; leurs paroisses furent déclarées vacantes, et données à des curés schismatiques. La population catholique resta sans église. Il fallut se résigner à porter les vases sacrés dans d’humbles chambres, et à y célébrer les offices sans aucune pompe. L’usage des cloches, et celui même des sonnettes, furent interdits. Le gouvernement avait remis en vigueur un oukase de Catherine II dont voici la teneur : « Sera puni comme rebelle, tout catholique, prêtre ou laïque, d’une condition basse ou élevée, qui s’opposera, soit par des paroles, soit par des actions, aux progrès du culte dominant[3]. » Un prêtre, nommé Plawski, ne put se contenir. Il cria vers Dieu ; il avertit les fidèles. Le vice-roi le fit prendre par des soldats ; on le relégua à Wiatka, sur les confins de la Sibérie, et on le contraignit, par une dérision sacrilège, à exercer l’office de sonneur de cloches dans l’église hérétique. Il était marié, selon le privilège du clergé grec uni ; sa femme et ses six enfants furent con-