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CHAPITRE III.

Comment l’Assemblée constituante fut obligée de se transformer
en Concile.


La maxime fondamentale de l’ancienne société française était que le pouvoir vient de Dieu[1]. La puissance de la tradition sortait en quelque sorte des entrailles mêmes de cette théorie, puisque l’organisation primitive de la société était divine, et que la longue possession, en prouvant le consentement divin, établissait le droit. Si la tradition était nécessaire dans la société spirituelle, dont l’histoire remontait sans interruption aux apôtres, et qui possédait un symbole écrit, elle l’était bien plus encore dans la société temporelle, qui ne pouvait montrer avec la même évidence ni la transmission, ni la charte originelle

  1. C’est la politique catholique, dont saint Paul a donné la maxime fondamentale dans ce passage célèbre : « Que tout le monde soit soumis aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c’est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre.
     « Celui donc qui s’oppose aux puissances, résiste à l’ordre de Dieu ; et ceux qui y résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes.
     « Car les princes ne sont point à craindre lorsqu’on ne fait que de bonnes actions, mais lorsqu’on en fait de mauvaises. Voulez-vous ne point craindre les puissances ? Faites le bien, et elles vous en loueront.
     « Le prince est le ministre de Dieu pour vous favoriser dans le bien. Que si vous faites mal, vous avez raison de craindre, parce que ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée. » (Aux Romains, XVI, 1, 2, 3, 4.)