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JULES SLOWACKI


LA GENÈSE SPIRITUELLE[1]

PRIÈRE

Ecrite dans les dernières années de sa vie, lu Genèse spirituelle était considérée par son auleur « comme l’œuvre la plus imporlanlte qu’il ait jamais écrile, comme l’Alpha et l’Oméga de sa connaissance de l’univers » (lettre à A. Feliñski). Opinion que semble par lager l’éminent philosophe J. Lutoslawski, bien connu en France par ses travaux sur Plalon, qui, pour réagir contre les jugements hâtifs de certains criliques, après avoir énuméré, dans sa préfarr à l’édilion définilive de re pnème en prose, les condilions qu’il eslime nécessaires pour se meltre en mesure de le comprendre et d’en apprécier la porlée, entre autres... une connaissance parfaile de l’hislaire de la philosophie et du mysticisme, des sciences naturelles, etc., etc. — ajoule : « Or, celui qui vient de tracer ces lignes ne se juge pris digne, ni suffisamment préparé pour se prononcer sur un pareil problème ».

Cilons enfin, à litre d’indication pour le lecteur, ce passage d’une lettre de Stowacki, où il énance de la façon suivante son credo esthitique :

« Les Beaux-Arts, écrivait Stuwacki à son ami Rembowski, nous enseignent les travaux effectués par l’âme dans son inluilion res formes du devenir, c’est-à-dire l’accomplissement des âmes humaines dans la révélation qui leur est faite de l’élément transcendantal de leur spiritualité et l’intégralion conlinue de ces travaux dans la forme (sculpture), dans la couleur (peinture), dans la voix (musique el poésie). Quant à leur fin : Alleindre au Royaume de Dieu, c’est-à-dire transformer l’humanilé en le royaume futur des anges sur celle terre. »


Sur ces rochers, au-dessus de l’Océan, de par Ta volonté, Seigneur, je me suis retrouvé, afin de rappeler l’histoire séculaire de mon âme, et je me suis tout à coup senti Immortel dans le passé, Fils de Dieu, créateur de visibilité et l’un de ceux qui Te rendent un amour librement consenti sur des guirlandes d’or, de soleils et d’étoiles.

Or, avant la création, mon âme était dans le Verbe, le Verbe était en Toi – et j’étais [2] dans le Verbe.

  1. Traduit d’après l’édition critique faite sur le manuscrit original pur W. Lutoslawski, Cracovie 1903, Gebethner et Cie.

    (Tous droits de traduction et de reproduction réservés.)

  2. Moi en tant que personne, et non pas encore revêtu des attributs de l’individualité, car alors il n’y avait pas encore d’individu. L’Évangile dit de Dieu : en lui résidait la vie, et la vie était cette clarté humaine et non pas encore la multiplicité des individualités humaines. Car si je considère le « moi » en même temps que Dieu, je le considère en tant qu’homme égal de Dieu. (Note de l’auteur.)