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qu’il y rencontra des sources nouvelles de travaux planétaires, qui tous tendaient à la forme finale, celle de l’homme.

Là-bas, ô Seigneur, le mollusque, premier habitant des mers, prudent et assuré d’une longue existence sous son bouclier de pierre, te fit enfin le sacrifice de sa maison de perle et la transforma (de par l’esprit de cupidité) en la coque d’écaille de la tortue, – puis T’ayant encore cédé quelque chose de sa sécurité, transformé en Chenille, après s’être donné des ailes sous son bouclier d’écaille (cette image de la divinité en Égypte), il s’élança dans les régions de l’âme où règnent les papillons... Tout le long de cette voie douloureuse du travail et de la transmutation des formes, il ne te sacrifia rien, ô Seigneur, de sa fécondité, mais conserva comme une ressemblance traditionnelle de ses formes successives – et de la mer, se transporta dans le pays des vols azurés...

Mais voici que le royaume des reptiles, dont le ptérodactyle mérita, dans les premiers jours de la création, la splendeur du vol, te fait l’offrande de ses ailes de saurien – s’humilie devant toi, rougit de tout son sang – et s’introduit en rampant dans l’espèce des annélides, dans la nature plus parfaite des insectes...

Car c’est dans les Insectes, Seigneur, que l’âme commence à acquérir les premières vertus morales : l’application au travail dans la fourmi, l’ordre social dans les abeilles. Elle rassemble ensuite ces mêmes vertus et les unit par couples, si bien que le courage et la noblesse dans le cheval, la fidélité et l’humilité dans le chien, sont pour jamais inséparables et, comme des vertus sœurs, habitent même les âmes humaines... Tu sais, ô Seigneur, que tout ce tableau de l’école Philosophique des matérialistes, toutes ces propriétés, ces instincts et ces vertus acquis par le travail de la genèse furent donnés à l’homme, tout prêts déjà, mais sous forme d’une matière grossière, afin qu’il la travaillât avec science, qu’il la fît brûler du feu divin, et l’amenât à une nouvelle activité créatrice... Je n’évoquerai plus ces travaux et ces vertus de l’âme, car toute âme saura les lire dans les créatures qui lui sont proches ; je ne conterai plus que quelques événements qui paraissent d’une importance capitale dans son évolution.

Or, mon âme parfois, lorsqu’elle exigeait une forme ou une organisation nouvelles – se réservait une différenciation minime dans l’individualité, et souvent accusée seulement dans sa nuance. Certaines fleurs et animaux ne conservèrent, de par une concession constitutionnelle, dirai-je, arrachée à Dieu, qu’une différence de couleur et de toison. Dieu ne rejeta pas ces désirs de l’âme, mais punit de faiblesse ce sacrifice incomplet d’âmes non unifiées en une forme définie. Les fleurs de cet ordre ne donnent, pour la plupart, pas de fruits ; les oiseaux et autres animaux s’allèrent domestiquer sous la protection d’âmes plus hautes. Le chat, ayant fait au Seigneur le sacrifice de ce petit détail, se trouve être, tigre, maître du désert... Quant à nous, ô Seigneur, lorsque nous te ferons