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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Je vous ferai admettre dans une maison du Foyer parisien où sont reçues seulement des jeunes filles… Nous trouverons bien de la place quelque part… Vous y resterez jusqu’à la fin de la semaine… Je viendrai vous voir et causer avec vous tous les jours… Lundi, je vous aurai trouvé du travail…

— Comme vous êtes bonne, madame ! Comment vous témoigner notre reconnaissance ?

— Vous ne m’en devez aucune, mes chères petites. Ce que je fais pour vous, je le fais pour toutes les jeunes filles qui sont comme vous, victimes de la barbarie de l’ennemi…

Elles se levèrent de table.

En sortant, derrière Mme Camille, elles passèrent tout près des deux hommes, attentifs sur le seuil…

Ils ne s’occupaient plus d’elles et semblaient prêter attention ailleurs.

Mais Rose-Lys, par hasard, après quelques pas, s’étant retournée, rencontra le regard de l’un d’eux.

Ce regard aussitôt se baissa.

Et la jeune fille eut une secousse… Ces yeux noirs éveillèrent en elle quelque lointain souvenir… Un instant, elle resta immobile… cherchant, essayant de se rappeler…

Mme Camille la saisit par le bras, gentiment, et lui dit :

— Qu’avez-vous donc, ma chère petite ?

Rien ne précisait le souvenir, dans l’esprit de Rose-Lys. Elle n’y pensa plus.

Sur le boulevard de Strasbourg, Mme Camille arrêta un taxi.

Toutes trois y montèrent.

Dans un Foyer de la rue de Lille, deux chambres restaient libres, hasard inespéré.

Mme Camille embrassa Rolande et Rose-Lys, et les quitta en leur disant :