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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Des organisations de bienfaisance fonctionnaient dans Paris.

À la gare, alors qu’elles se dirigeaient un peu à l’aventure vers la sortie, elles furent accostées par une dame d’une cinquantaine d’années, au visage doux, qui leur dit :

— Vous êtes des rapatriées, sans doute, mes pauvres enfants ?

— Oui, madame.

— Vous n’avez pas de famille à Paris ?

— Non.

— Sans ressources, alors ?

— Il nous reste un peu d’argent.

— Bien. Voulez-vous avoir confiance en moi et me suivre ? J’essayerai de vous venir en aide. Et d’abord, vous devez avoir faim…

— Mais non, pas trop, dit Rolande en souriant. Tout le long du chemin, on nous a bourrées de friandises, de chocolat et de sandwiches…

Elle les conduisit quand même au buffet, où l’on s’empressa autour d’elles.

La dame de bienfaisance voulut les servir elle-même.

Les jeunes filles se trouvèrent seules à une table d’encoignure, où elles prirent place, pendant que l’autre s’asseyait en face d’elles, avec un engageant sourire. Et comme les pauvrettes se penchaient sur le bouillon bien chaud qui leur était servi, elles ne virent pas que la femme échangeait avec deux hommes, debout près de la porte qui communiquait avec le quai de la gare, un geste qui semblait une interrogation d’une part, et une réponse de l’autre.

L’interrogation venait de la femme et disait :

— Est-ce que ce sont elles ?

Le signe de tête qui avait répondu disait nettement :

— Oui…