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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

On me reconduisit, sans qu’il y eût un mot de plus, ce jour-là.

Mais, de ce jour, on ne m’apporta plus qu’une seule fois par vingt-quatre heures une soupe faite d’avoine ou d’orge… sans pain.

Et tous les matins je constatais que la ration diminuait.

La torture inventée contre moi était celle de la soif et de la faim.

Le major me fit comparaître de nouveau.

— Vos camarades touchent en se levant une ration de café avec du pain et de la marmelade… À midi, une soupe épaisse de céréales ou de légumes secs… Le soir, du thé, et par semaine quatre cents grammes de pain et cent grammes de viande… Quand il vous plaira d’en recevoir autant — et même davantage, car j’ai l’ordre de vous faire bénéficier d’un régime de faveur, selon les circonstances — vous n’aurez qu’à en manifester le désir…

J’étais si malheureuse, ma détresse était si grande, que je demandai :

— Que dois-je faire pour cela ?

— Vous ne le savez pas ?

— Comment le saurais-je ?

— Vous faites semblant de l’ignorer…

— Soyez plus clair, et donnez-moi des précisions.

— Vous vous appelez Rolande de Chambry ?

— Oui.

— Vous avez habité avec votre père, pendant une année, le domaine de Medgyar ?

— Ce n’est un secret pour personne.

— Medgyar près de Godollo… et vous étiez l’amie et la confidente du prince impérial François-Ferdinand…

À cette allusion, je crus m’évanouir d’horreur…

L’officier souriait… son œil devenait égrillard…

— Hi ! hi ! François-Ferdinand n’avait pas mauvais