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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

L’officier la couvrit d’un long regard curieux et attentif.

Il dit tout à coup :

— Vous avez vécu en Hongrie ?

— Oui.

— À Madgyar, près de Godollo ?

— Oui.

— C’est bien cela… J’ai des notes sur vous…

Et avec une sorte de froideur indifférente :

— Je vous préviens que vous êtes désignée tout particulièrement à notre surveillance.

Il ajouta, sans la regarder :

— Chez nous, on n’oublie jamais ! Soyez sur vos gardes !

Alors commença la vie d’esclavage.

Au bout d’un mois, Rolande était complètement remise. Rose-Lys avait de l’argent. Elle put se procurer, au début, les choses indispensables, car, au château, il ne restait rien. Des camions avaient tout emporté dès les premiers jours, même le linge, même les objets de literie, même les vêtements de femme.

Bientôt on les employa à de durs travaux auxquels elles n’étaient guère accoutumées, Rolande surtout.

Dans les premiers temps, elles allaient tous les matins à Rethel, parfois en automobile, avec d’autres femmes et des enfants — jusqu’à des garçonnets et des fillettes de huit à dix ans — mais le plus souvent elles faisaient le trajet à pied, à l’aller comme au retour.

À la gare de Rethel, on les employait à charger ou à décharger des wagons.

Cela dura tout l’hiver.

Au printemps, les Boches commencèrent entre Rethel et Vouziers de grands travaux de terrassement et réquisitionnèrent tout le monde.

Rolande et Rose-Lys piochèrent la terre.