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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Norbert ?

— Il vivait encore, lui aussi, quand le régiment est repassé à Rethel…

— Simon, Norbert… disait Rolande.

Elle ferma les yeux… Elle repensait tout à coup à ce qu’elle avait dit à Simon :

— Tu feras la conquête de mon frère !…

Toute une partie douloureuse du drame, venu d’elle, lui échappait.

Le silence se fit. Le cheval tirait lentement le tombereau. Parfois même il s’arrêtait pour tondre un peu d’herbe le long de la route. Elles n’y prenaient pas garde. Pourtant, on était près du village. La fumée « le quelques incendies, rabattue et chassée par le vent, venait jusqu’à elles et les enveloppait de nuages sinistres.

Puis Rolande, couchée sur son matelas, rouvrit les yeux…

Elle vit que des larmes, silencieusement, coulaient sur le visage de Rose-Lys.

Elle ne pouvait deviner que ces larmes s’adressaient au souvenir de son père et qu’il s’y mêlait le souvenir de Simon, puisque tous les deux elle les avait perdus.

Le village était occupé par les Allemands. Toutes les maisons qui n’étaient pas en flammes avaient été pillées par eux, sauf celles, très rares, que leurs habitants n’avaient pas quittées. Elles se réfugièrent dans une maison à demi ruinée, dont les portes et les fenêtres avaient été défoncées mais dont les murs restaient debout.

Tout de suite elles durent donner leurs noms, dans le recensement.

Et quand la compagne de Rose-Lys, interrogée, répondit :

— Rolande de Chambry.