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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Alors, Pulchérie comprit qu’elle devait se rassurer.

À deux heures de l’après-midi, elle se trouva sur le passage du général Franchet d’Esperey, qui faisait son entrée au milieu d’un délire de joie et de larmes heureuses.

Le soir, les obus allemands tombèrent sur la ville, vers le nord.

Le bombardement commençait, qui devait durer, celui-là, trente-quatre jours.

Le 19, la cathédrale brûlait.

Ce fut ce jour-là que Pulchérie réussit à monter dans un train en partance pour Paris.

Elle y arriva le lendemain matin.

Quand elle voulut sortir de la gare de l’Est, elle fut si effarée qu’elle rentra précipitamment dans le hall, où elle trouva une place au coin d’un banc…

Paris, c’était le désert et quelque chose d’effrayant…

Qu’allait-elle devenir, dans cet océan de maisons ?…

Ici, à la gare, elle se sentait un peu moins dépaysée. Il lui semblait que, ne fût-ce que par la longue ligne des rails, elle était encore reliée, malgré tout, à sa lointaine campagne des Ardennes, et que toute communication n’était pas interrompue avec le village qu’elle n’avait de sa vie quitté…

Tandis que si elle avait fait un pas dehors, c’était l’inconnu et c’était la terreur…

Elle passa toute la journée et toute la nuit dans la gare…

Ce fut le lendemain seulement, en serrant bien fort son chapelet roulé dans sa main gauche, qu’elle se hasarda, toute fiévreuse, et les oreilles bourdonnantes.