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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

puis, sous tous les prétextes on ouvrait, on refermait, on rouvrait… Des grossièretés partaient à leur adresse… des gestes ignobles souvent les accompagnaient… Comme il faisait très chaud ils s’étaient dévêtus pour danser.

Deux étaient complètement nus. Le major sautait et roulait en chemise, et en bottes, sanglé par son ceinturon et casque en tête. Après quoi, ce fut un autre divertissement, une fusillade. Ils déchargeaient leurs revolvers sur les meubles, sur tout ce qu’ils pouvaient viser… Ils cassèrent les glaces, trouèrent les photographies dans leurs cadres sur la cheminée du salon. Ensuite, ce fut le tour des petits tableaux… contre le mur… La porte s’ouvrit… Rose-Lys, éperdue, vit un jeune officier qui visait le chasseur au marias… La balle troua le chasseur en faisant sauter la glace… li tira de nouveau et creva un canard… Il tira encore, et encore, et creva l’autre canard et le chien… La porte se referma et Rose-Lys ne vit plus rien.

Qu’était devenue la pochette de cuir pour laquelle deux hommes étaient morts ?

— Hoch ! Hoch !

Et des verres se brisèrent et ce furent des hurlements de bêtes où ils essayaient d’imiter les cris de tous les animaux… un vacarme de brutes déchaînées. Tout se tut… sans transition… Ce fut un silence complet, absolu, sans une parole, sans même un murmure de voix… Seulement on distinguait des allées et venues, des pas pressés, des cliquetis de sabres… Devant la porte de la rue, des chevaux piaffaient.

Un ordre de départ… Cinq minutes après, la cauchemar finit, la maison était vide…

Rose-Lys se pencha à la fenêtre. Le major lui cria :

— Demain à Rethel… Sinon l’on vous expédiera toutes les trois en Allemagne !

Elle pénétra dans le salon saccagé, sentant le vin