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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Fouillez celle-là, pendant qu’elle est évanouie…

De rudes mains la déshabillèrent, la mirent demi-nue… Elle ne sentit pas la honte de ces attouchements ignobles, et des rires de brutes qui les accompagnaient.

Sturberg lui-même, avec Lariss enleva Rolande hors de son lit. Et le lit, également, et les matelas, et le sommier, et le traversin, et les deux oreillers furent éventrés, saccagés avec une rage bestiale que décuplait l’insuccès de toutes ces tentatives.

Rien, toujours rien…

Il était évident que le meunier avait emporté sur lui le précieux document.

Mais où se cachait-il ? Était-il possible qu’il eût pu s’enfuir ?

Sturberg avisa Pulchérie, la prit d’une main par le cou et la dressa debout.

— C’est toi qui parleras, la vieille… Où est le meunier ?

Les dents de la pauvre fille claquaient. Elle roulait des yeux exorbités. C’était le masque hideux de la plus effroyable des épouvantes.

Elle brandit son chapelet comme pour s’en faire une arme.

— Alors, tu veux y laisser ta peau, comme l’autre ?

Pulchérie proféra des mots, mais ses lèvres sèches restèrent paralysées, la langue fut lourde… les mots étaient incompréhensibles…

Chaque fois qu’un soldat s’avançait vers elle, la pauvre femme était à l’agonie.

— Parleras-tu ?… Si tu parles, on ne te fera pas de mal.

Elle finit par bégayer :

— Bien vrai ? Bien vrai ?…

— C’est promis… Allons, dégoise… Je me doutais bien que tu savais quelque chose.