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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Viens m’embrasser, fillette… Tout à l’heure, je ne serai plus qu’une chose morte…

Rose-Lys l’étreignit. Elle avait des sanglots et des plaintes qui ressemblaient à des hurlements très bas et prolongés. Et si terrifiée qu’elle ne pleurait pas.

Dans son coin, à genoux devant le chasseur de canards, Pulchérie ne savait plus ce qu’elle priait, et elle entremêlait toutes ses prières, le Credo, le Notre-Père et Je vous salue Marie… Et les grains du chapelet cliquetaient comme des billes entre ses doigts.

Rolande regardait toujours, et elle écoutait, ses yeux grandissant de l’effroyable surprise des choses qu’elle voyait, mais qu’elle ne comprenait pas.

On l’entendit qui murmurait dans un immense effort de vie :

— Mais quoi donc ? Mais quoi donc ?

Quand les cinq minutes furent écoulées, Sturberg demanda encore :

— Ainsi, tu refuses de parler ?

— Je n’ai rien à dire…

Les soldats l’enlevèrent avec sa chaise et le portèrent tout assis dans la rue… Ils repoussèrent Rose-Lys, qui tomba… Par bonheur, sa tête se heurta avec violence contre le carrelage de briques, et elle perdit connaissance… Elle ne vit pas… Elle n’entendit pas…

Dans la rue, Sturberg disait :

— Une fois, deux fois, trois fois, c’est non !

— Non, salaud ! fît le fermier, redressant son buste sous les cordes.

Alors, il y eut cinq ou six coups de fusils, à bout portant.

La tête du paysan vacilla, retomba sur la poitrine… du sang jaillit sur les liens…

Et il resta ainsi, mort, sur sa chaise.

— Aux autres, fit Sturberg…

En désignant Rose-Lys :