Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Ma chère petite, je ne sais pas ce qui va se passer, mais cela va être dur. Écoute bien…

Il tira le sachet de cuir de sa poche.

— Ceci contient un grand secret qui ne m’appartient pas, qui est à Rolande, que Rolande avait confié à Simon, et que j’ai reçu de Simon comme un dépôt sacré… C’est à cause de ce secret que Rolande a été assassinée, qu’on a voulu assassiner Simon et que moi, tout à l’heure, je mourrai. Il ne faut pas qu’on le trouve sur moi, ni sur aucun de vous, car on vous fouillera. Je vais l’attacher derrière ce tableau qui représente un chasseur tirant des canards au bord d’un marais. C’est là que tu le trouveras, après qu’on vous aura fouillés. Et tu le garderas à ton tour, même au péril de ta vie…

Les soldats s’étaient arrêtés à une centaine de mètres.

Sturberg et Nicky Lariss donnaient des ordres, avec de grands gestes. Les soldats se dispersèrent. Ils encerclaient la maison.

— À présent, dit le meunier, très calme, essayons quand même de leur échapper…

Rolande, dans son lit, se taisait ; mais ses yeux allaient de l’un à l’autre des amis qui s’agitaient autour d’elle. Elle essayait de se rendre compte. C’était un grand progrès. C’était aussi un espoir. L’intelligence semblait être là, toute proche, prête à éclater, à réveiller les souvenirs.

Pulchérie avait voulu se sauver à la cave. Barbarat lui avait dit :

— Pourquoi faire ? Ils te trouveront à la cave aussi facilement qu’ici…

Alors, elle s’était réfugiée dans un coin et, à genoux contre le mur, elle paraissait prier le chasseur qui, dans la lithographie au-dessus d’elle, tirait des canards au marais.

Barbarat entraîna Jean-Louis.