Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

sur la place Drouet-d’Erlen, se faufile, d’arcade en arcade… Plus personne !… Les a-t-il dépistés ? Il le croit.

Une charrette de réquisition, chargée de sacs de farine, passe près de lui. Il reconnaît le charretier Miraud, qui est de Rethel.

— Sauve-moi, vieux… et ne t’aperçois de rien… Je suis ton domestique.

Il jette sa blouse et son gilet, se barbouille la figure en se frottant contre les sacs, en fait autant pour son pantalon, se met à la tête des chevaux…

Un régiment, puis un autre, puis d’autres, défilent sur la place, musique en avant.

Deux gendarmes à cheval, revolver au poing, arrêtent le charretier… Mais ses papiers sont en règle… Réquisition allemande… La voiture repart… Jean-Louis est sauvé…

Un quart d’heure après, il arrive au chemin de Bétheny.

Au moment où il va entrer dans la maison de Cyrille Leduc, un homme se lève de dessus un tas de bottes de foin compressé et part en fuyant.

Et Jean-Louis a un grand coup au cœur.

C’est Sturberg… II l’a reconnu… Alors sa retraite est découverte…

Depuis longtemps la maison est en éveil… La sinistre nouvelle y est parvenue…

— Comment faire, maintenant, pour partir ? disait Pulchérie d’une voix chevrotante.

Le meunier haussa les épaules.

— Vous autres, vous partirez peut-être, dit-il, mais, moi, mon compte est bon.

Il ne s’expliqua pas davantage et par la fenêtre il montra des soldats conduits par deux civils et qui accouraient.

— Ils viennent pour moi.

Il prit Rose-Lys à part.