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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Derrière un des piliers des arcades, Jean-Louis réfléchît et combine.

L’heure est venue. Il ne doit plus attendre. L’occasion offerte, il ne la retrouvera jamais.

Il aperçoit très bien, par la plaque abattue de la devanture de fer, aller et venir les deux bandits, et l’un d’eux, qui semble obéir à l’autre, promener dans tous les coins le pinceau lumineux et fugitif de sa lampe.

Lequel des deux possède le précieux document ?

Le plus grand, large d’épaules, qui donne des ordres ? ou l’autre, gringalet, au visage de belette, aux allures ondulantes et rampantes de reptile ?

Auquel des deux va-t-il s’attaquer ?

Au chef, parbleu ! Si le papier redoutable est encore en leur possession, c’est celui-là, sans nul doute, qui le détient.

Pour armes, le meunier n’a que ses deux poings, deux poings énormes et durs comme de l’acier, qui terminent des bras d’Hercule emmanchés à des épaules habituées à porter les lourds sacs de farine. Et puis Jean-Louis a confiance dans sa bonne cause.

Il s’élance vers le magasin, s’y engouffre tête baissée, comme un bolide.

Nicky assommé, tombe sans avoir rien compris, comme si le plafond venait de dégringoler sur sa tête, et Sturberg et Jean-Louis sont aux prises. Les deux hommes se valent. La lutte est longue, furieuse, forcenée. Le policier a reconnu Jean-Louis.

Un revolver, qu’il tire de sa ceinture, lui est arraché dans une étreinte puissante et le meunier, un instant, veut en finir… L’autre sent le canon froid lui frôler le front…

— Rends-moi ce que tu m’as volé ou tu es mort !

Le jour se lève. Un peu de clarté grise entre dans la boutique saccagée. Aux yeux farouches du meunier qui le tient désarmé sous son genou, Sturberg ne s’y