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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Eux !

Slurberg et Nick Lariss !… Car cette fois il était sûr de ne pas s’être trompé…

Derrière l’auto, plus rien que le vide de la rue et les ténèbres rendues plus épaisses tout à coup après la brutale illumination dès phares…

Mais l’auto des policiers ne va pas assez vite pour qu’il ne puisse la suivre.

Il la voit, quittant la file et s’engageant seule dans la rue du Garrouge et les petites rues qui avoisinent l’hôtel de ville, rebrousser chemin tout à coup et à fond de train gagner la place Drouet-d’Erlon. Le meunier l’a perdue, de nouveau, et de nouveau la rage d’être ainsi vaincu s’empare de lui. Mais le hasard le protège. Partout, ce sont des rues barrées par des encombrements. A la nouvelle que les Allemands entraient dans la ville, ceux qui fuyaient ont tout abandonné et les véhicules forment des barricades. Il faut les avancer, les reculer, les déplacer pour faire de la place à l’auto. Sturberg et Nicky Lariss s’y emploient. Cela donne à Jean-Louis le temps de les rejoindre. Jean-Louis distingue très bien que l’un des deux misérables, près du chauffeur, consulte une carte à la lumière d’une lampe de poche, et, tout à coup, l’auto s’arrête et les deux hommes sautent du siège. Il y a là, sous les arcades, un magasin d’orfèvrerie dont la devanture de fer est baissée. Ils ont vite fait sauter les lourdes plaques avec un pétard. La place est vide. Personne ne s’inquiète d’une détonation de plus. Ils s’engouffrent par le trou béant dans le magasin. La devanture et les vitrines intérieures ont été dégarnies, les diamants et les pierres précieuses enlevés ; mais on n’a pas eu le loisir de tout faire disparaître… il reste des montres, des chaînes de cou, des bijoux en or. Les bandits raflent ce qu’ils trouvent. Ils agissent avec tant de sûreté de main qu’il est évident qu’ils étaient renseignés.