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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

La pochette de cuir n’y était plus…

— Volé ! volé !…

Et ses nerfs étaient à ce point surexcités, qu’il se mit à pleurer des larmes d’enfant.

Sans comprendre, n’ayant reçu aucune confidence, Barbarat le consolait :

— Eh bien ! quoi, vieux ? On t’a volé ?… Moi, j’ai de l’argent… on partagera… Le principal, c’est de sauver sa peau… Le reste n’est rien…

L’autre ne l’écoutait pas… Il était terrifié, anéanti, répétait, machinal :

— On m’a volé ! On m’a volé !…

Et soudain ses souvenirs se précisent… Les brumes se dissipent dans son cerveau pour laisser luire une clarté brusque…

L’image des deux Flamands apparaît !…

Ces deux hommes ?

Étaient-ce bien des fugitifs chassés de leurs foyers par l’invasion barbare ?

Ils ressemblaient aux deux étrangers qu’on avait vus rôdant autour de Clairefontaine, dans les derniers jours de juillet…

Ils avaient disparu au lendemain du meurtre de Rolande…

Et, reliant cette idée à ce que Simon lui avait conté du guet-apens nocturne, dans une rue de Sedan, de l’appartement fouillé, la reliant à ce fait que Simon lui-même et ses dragons avaient été suivis depuis la Belgique par ces deux mystérieux inconnus, et que lui, Jean-Louis, avait été surveillé par eux, il s’écria :

— Ce sont eux ! Ils étaient à l’estaminet de la Gare ! Ils ont vu !… Ils savaient !…

Barbarat crut qu’il devenait fou et lui tapa sur l’épaule.

Jean-Louis était loin et suivait sa pensée :

— Ils en voulaient aux papiers…

Et, frissonnant de rage :