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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Et il appuya le mouchoir sur le nez et la bouche du meunier.

Nieky s’était glissé sur son corps et lui tenait les bras

Jean-Louis s’éveilla à peine, eut des soubresauts, se débattit dans l’étouffement et, sans se rendre compte de ce qui se passait, sans crier, céda et, sous l’action violente du chloroforme, resta comme un cadavre.

Déjà Sturberg fouillait, écartait la blouse, déchirait le gilet, ouvrait la chemise et, comme le cordon de cuir qui suspendait la pochette contre la peau était solide, il le coupa d’un coup de couteau.

À ce moment, Barbarat grogna, se dressa, tourna la tête…

Ils avaient eu le temps de reprendre leur position de dormeurs.

Il faisait nuit, toujours.

Barbarat poussa un profond soupir, ramena sur lui sa limousine jusqu’à la tête et repartit dans le pays des tristes songes.

Sturberg le guettait, son couteau à la main…

Un soupçon chez le fermier et il l’eût égorgé.

Sturberg cacha vivement la pochette… Après quoi, rampant hors des roues du barou, tous les deux s’éloignèrent à pas lents, dans la direction de Reims… Et cette fois, sans doute, parce qu’ils n’avaient plus besoin de feindre, de se cacher, ils abandonnèrent leurs vaches qui, du reste, eussent retardé leur fuite… Un instant après, perdus dans la cohue, qui pendant toute la nuit n’avait pas cessé de couler vers la ville, ils avaient disparu…

La pluie cessa quand le soleil se montra. Les nuages se dissipèrent.

Barbarat, debout, réunissait le troupeau. Jean-Louis continuait de dormir…

Dans la voiture, Rose-Lys et Rolande, harassées, ne s’éveillèrent pas. La vieille Pulchérie elle-même avait