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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Simon jeta un regard inquiet sur la cohue qui emplissait l’auberge, en quête de victuailles, d’un peu de pain, d’un peu de vin…

Il se rassura.

— Personne, en effet… murmura-t-il.

Et, après une dernière étreinte, chacun alla de son côté.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La bataille se rapprocha dans la nuit.

Des ordres coururent.

Les habitants étaient avertis que Rethel allait être envahi…

On leur conseillait de fuir.

La foule immense, enchevêtrée, des fuyards grandissait d’heure en heure. Ceux qui venaient de loin, qui déjà marchaient depuis des nuits et des jours, ne se plaignaient plus, restaient silencieux… Ils n’avaient plus le courage de dire un seul mot, tant ils étaient endormis de fatigue, recrus de malheurs… Les nouveaux gémissaient, criaient, et leurs lamentations faisaient un seul et immense cri de malédiction montant vers le ciel… comme un reproche pour la grande injustice dont ils étaient victimes.

Jean-Louis noya dans l’Aisne ses blés et ses farines.

Il creusa un trou dans les champs, au pied d’un noyer isolé, dans les racines duquel il se hâta d’enfouir ce qu’il avait de plus précieux, gardant sur lui son argent et des valeurs.

Le fermier Barbarat en avait fait autant dans la cave de Marengo.

Dans le barou on transporta Rolande étendue sur deux matelas. La jeune fille ne se rendit pas compte de la catastrophe.

Rose-Lys restait près d’elle, ange blanc et rose, du dévouement le plus pur.

Et, poussant devant eux les bestiaux de la ferme et