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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

ou du café, et maugréant, navrés, parce qu’ils ne trouvaient plus rien. Les deux Flamands étaient entrés derrière Jean-Louis et Simon et venaient de s’asseoir près d’une fenêtre, surveillant leurs vaches qu’ils avaient attachées à un anneau du mur, au dehors. Simon et Jean-Louis étaient attablés derrière, les uns et les autres se tournant le dos. Les Flamands se taisaient, buvant, buvant à pleines gorgées des chopes d’eau fraîche qu’une servante suant, ébouriffée, affolée, leur servit. L’un des deux se pencha à l’oreille de l’autre et murmura quelques mots :

— Vois, Nicky, et tiens-toi près de la fenêtre, au dehors… Je m’attends à quelque chose…

Nicky Lariss sortit et alla s’installer près des vaches. Sturberg resta à l’intérieur et se mit à faire le rangement d’un tas d’objets qui emplissaient une musette de soldat qu’il portait à l’épaule. Mais il avait tiré une glace de poche et l’avait posée debout contre sa chope. Avec des airs d’indifférence et comme occupé par ailleurs, il examinait ainsi ce qui se passait derrière.

Simon et Jean-Louis causaient tout bas, avec animation… ou plutôt Simon seul parlait. Son père écoutait, la tête penchée, avec la plus extrême attention, pour ne rien perdre de ce qu’on lui disait…

Puis, il y eut des gestes singuliers… À plusieurs reprises, l’officier tourna la tête à gauche, à droite, derrière, comme s’il avait été frappé par le choc électrique des deux paires d’yeux braqués sur lui… Il déboutonna sa vareuse, fouilla sous sa chemise et fit passer par-dessus son calot un lacet de cuir auquel pendait une pochette plate, assez large… Il en retira des photographies et tendit la pochette à Jean-Louis qui, à son tour, la coula sous sa blouse, contre sa poitrine… Personne ne prenait garde à eux…

En même temps, Nicky Lariss rentrait.

Quelques mots rapides, très bas :