Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Tout à coup ses yeux s’emplirent de larmes…

— Une mort pareille… c’était infâme… Et c’est toi qui m’as sauvé ?…

— Tu n’es pas blessé ?

— Non… et toi ?

— Brisé, seulement… Mais je peux marcher… Filons… il va faire chaud tout à l’heure…

Et lentement, par le fossé, ils regagnèrent les ruines flambantes de la ferme de Saint-Léger.

Deux avions ennemis apparurent dans le ciel redevenu bleu… au-dessus de l’incendie… Le détachement était repéré… Mais quand les obus vinrent fouiller le ravin, il était trop tard… Les dragons galopaient déjà loin, emportant leurs blessés…

Une heure après, ils avaient rejoint la colonne…

Côte à côte dans le trajet, Simon et Norbert gardèrent d’abord le silence… Simon, les membres rompus, se couchait sur la selle et paraissait souffrir…

Ce fut lui qui parla le premier :

— Tu n’avais pas voulu me laisser à l’ennemi ?

— Ne m’y étais-je pas engagé ?

— N’y avait-il en toi que l’obligation de tenir ta promesse ?

— J’aurais agi pour tout autre officier comme pour toi…

— Moi, je ne retiens que ceci… Que tu ne savais pas si j’étais mort, et qu’au péril de ta vie, tu as tenté de me sauver…

— Et toi, tu as fait mieux que vouloir, car si je vis, c’est à toi que je le dois…

— Eh bien ! dit gaiement Simon, nous sommes manche à manche…

Et il ajoutait avec un sourire :

— J’ai reçu de Rolande l’ordre, pour moi sacré, de faire ta conquête… Aujourd’hui, il me semble que je me suis un peu rapproché de toi car, sans t’en