Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

ses bras… La lune éclaire un pâle visage, souillé, dont les yeux sont fixes.

Alors, de la berge où Simon et Rolande se disaient leurs tendresses…

Des avenues du château où se promenait la retraite aux flambeaux…

Dominant les murmures, et les cris, et les rires, et les vivats, et les chansons…

L’on entendit un hurlement étrange, un long hurlement de bête. Et tous les bruits cessèrent pour écouter.

Les premiers qui se rendirent à cet appel lugubre furent Simon et Rolande.

Ils trouvèrent Sturberg à genoux devant Isabelle, un bras passé autour de la tête blême, l’autre bras caressant les cheveux…

Et Sturberg hurlait… le front en arrière, les yeux vers le ciel, hurlait comme un chien perdu…

Il vit Rolande… il vit l’officier…

En un dernier éclair de sa raison défaillante, il les reconnut… Il arracha de sa poche quelque chose de noirâtre, et le tendit à Rolande… Il bégaya :

— Allez-vous-en ! Allez-vous-en !…

Quand les gens arrivèrent auprès de lui avec leurs lanternes et leurs torches, ils le trouvèrent étendu, inanimé au long de sa fille qu’il serrait dans ses bras… et l’étreinte était si étroite, convulsive, qu’on ne put détacher les deux corps, et qu’il fallut les transporter ainsi au château.

Le médecin, appelé en hâte, ne pouvait que constater la folie de Sturberg.

Quant à Isabelle, elle respirait encore, et des soins lui furent donnés. Ce fut au bout d’un mois seulement qu’elle fut hors de danger. Avait-elle deviné l’horreur de l’attentat dont elle avait été victime ? Peut-être, car lorsqu’elle put se mouvoir et parler, et qu’elle fut en état de répondre aux questions du juge