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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Du reste, il est si ému, si troublé, qu’il a besoin d’un peu de calme, avant de reparaître dans les salons du château.

La pluie cesse. Il ne tombe plus maintenant que les gouttes balayées en coups d’arrosoir par le vent, qui les ramasse en haut des branches.

Sans y prendre garde, il est arrivé au mur de clôture.

Près du pavillon du jardinier.

En déchirant le voile opaque des nuages, le vent laisse des éclaircies de bleu par où pénètre de temps en temps la lumière de la lune.

Il remarque que la porte donnant sur la berge de la Seine est ouverte.

Et une silhouette, celle d’un homme, passe et repasse, à intervalles réguliers, devant l’ouverture, celle d’un soldat, celle de Simon Levaillant.

Sturberg le reconnaît et se met à rire silencieusement.

— Il attend Rolande !… Il peut, maintenant, l’attendre !…

Et il serre contre son cœur la pochette de cuir.

Mais il y aurait danger pour lui s’il était aperçu… Il s’éloigne sans bruit, les pas amortis dans l’herbe mouillée.

À peine a-t-il fait quelques pas qu’il se jette vivement derrière un arbre.

Une ombre encore traverse, là-bas, des pans de lumière et se dirige de son côté… Une femme…

Rien de plus naturel, du reste… Une ouvrière, sans doute, qui, prenant au plus court, et profitant de l’éclaircie, se hâte de regagner son logement.

Elle se rapproche…

Et celle-là, aussi, va passer si près de lui qu’il pourrait toucher son manteau, la saisir à l’épaule, la renverser et la tuer, comme il a fait de l’autre, tout à l’heure.