Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

constituait des événements imprévus qui forçaient Sturberg à agir sans délai.

Il y était résolu.

En passant quelques minutes plus tard auprès d’Isabelle, il la vit illuminée d’une flamme intérieure, les yeux éclatants, belle comme jamais elle ne le fut.

Et il la regarda avec tendresse, un instant distrait de ses pensées sanglantes.

Elle lui sourit, en faisant un geste d’amitié.

Il ne put s’empêcher de dire :

— Comme tu es belle !…

Elle répliqua, toute à son émoi et à son projet mystérieux :

— C’est que je suis heureuse !…

Il la suivit longtemps d’un regard inquiet, sans comprendre.

Puis, de nouveau, il concentra toute son attention sur Rolande et sur Simon…

Ce fut Simon qui, le premier sortit.

Tout d’abord, il se mêla à la foule qui avait envahi les jardins et qui, faisant contre fortune bon cœur, résistait à la pluie survenue et dansait. Mais la pluie, peu à peu, était victorieuse et la foule se désagrégeait.

Simon traversa les couples et Sturberg le vit disparaître dans l’obscurité ; il descendait vers la Seine, par les pelouses et les avenues de grands arbres. En bas, se trouvait une petite porte, dans le mur de clôture, auprès d’un pavillon non habité et qui servait à remiser les outils du jardinier.

Ce que Sturberg venait de surprendre, Isabelle le voyait aussi.

Et, comme elle était avertie, elle murmura :

— Il court au rendez-vous pour l’y attendre.

Rolande n’avait pas quitté les salons.

Mais pour Sturberg — comme pour Isabelle — aucun doute…